(« Je dédie modestement cet article à Jean-Philippe, windsurfer de « St Co » qui nous a quitté le 14 février 2017… Défieur passionné, il aurait été une nouvelle fois sur la ligne de départ, pour la course mais surtout pour partager des instants de bonheur avec ses potes! Il incarne l’Esprit du Windsurf et la philosophie du Défi! Une pensée pour sa famille et ses proches »)
Ton inscription est validée! Le compte à rebours est lancé! Par contre, aie! pas trop de navigation cet hiver et dans 2 mois tu y seras!! Alors même si tu as suivi à la lettre l’article « Arriver affuté à la reprise… » il va falloir maintenant passer un peu de temps sur l’eau et se préparer spécifiquement pour l’épreuve. Pourquoi? Justement parce que l’épreuve est spécifiquement spécifique!
1- 35=50 !
Lorsque tu sors pour une session de navigation, 35 kilomètres de navigation est une distance plutôt fréquente. Sauf que pour le Défi, c’est 35 km sans s’arrêter, en course et surtout avec des bords de 9 km…:
MAIS, 35 km c’est la distance de course! En analysant la course de Nicolas Warembourg (lire l’article) nous avions vu que la distance réelle de navigation pour une seule manche était de plus de 50 km: test du matos avant la course pour choisir sa surface de voile et sa planche, s’échauffer, vérifier l’orientation du vent, se rendre sur la ligne de départ, etc… et la course. Du coup ta référence de distance n’est pas 35 km mais plutôt 50! Donc la base: entraîne-toi à naviguer 50 km sans t’arrêter sur ton spot…
2- Le Défi Wind c’est pas la Namibie!
Nicolas Warembourg lorsqu’il a gagné la course N°4 en 2014 dans un vent de 45/50 nœuds avait réalisé une vitesse moyenne de 26 nœuds avec des pointes à 31 nœuds. Pas des vitesses extraordinaires pourtant on ne peut pas dire qu’il promenait le chien pendant ses 44 minutes de course! Alors ça peut paraître étonnant mais il faut quand même se rappeler que 35 km de course ce n’est pas un run de 500m! A départ à peu près égal c’est celui qui aura la vitesse moyenne la plus élevée qui à ce jeu l’emporte! Les meilleurs marathoniens courent à 20 km/h de moyenne, Usain court à 37,5 km/h de moyenne… mais c’est sur 100m…
- Entraîne-toi à maintenir longtemps une vitesse moyenne élevée, ce qui ne veut pas dire être à fond et se cramer au bout de 500 m!
- Si tu t’entraînes à Gruissan, inutile de te tirer la bourre avec tes potes pour savoir qui a la plus grosse jusqu’à « l’entrée d’eau »… par contre se comparer sur un aller retour est un bon indicateur. Vous pouvez commencer par un aller jusqu’à l’Eyrolle et idem pour le retour puis un A/R sans arrêt, et au fur et à mesure vous vous rapprochez du parcours complet.
- Si tu n’es pas à Gruissan… déménage!
- Si tu n’es pas à Gruissan et que tu ne veux pas déménager: privilégie de longs bords pour tester et t’entraîner à garder un haut régime longtemps. Le problème se pose sur un spot sideshore ou un spot dont la géographie ne permet pas d’effectuer de longues distances sur un bord… donc dans ce cas, reviens au point 2… déménage! Siiiiiiii vrrrrraiment madame ou monsieur ne fait pas l’effort de partager ta passion en bouffant du sable toute l’année à Gruissan, enchaîne alors les bords, ça s’appelle du slalom pas de la longue distance, mais c’est un moindre mal!
3- Roule en Safrane
35 km divisé par 4 ça fait 8,75 km… Ce qui veut dire que tu as le temps de faire plusieurs fois le calcul sur chaque bord et surtout d’entendre ta jambe arrière se plaindre voire même hurler… il se peut même que comme par hasard la douleur dans le dos s’y mette aussi (elle en perd pas une!) et que les bras par solidarité les rejoignent. Mutinerie générale! Bizarre, le bord parait de plus en plus long …
- Même si un jour à l’ombre du cocotier de la sagesse Produspot t’a révélé : « Si tu veux être plus rapide que le vent jeune padawan, à la limite du contrôle tu seras. » Eh ben pour le Défi, tu oublies ce précepte! Et tu te réfères plutôt à celui de Jean-Claude : « Je roule en Safrane…, à 130 sur l’autoroute je suis confort pour descendre à Palavas! » Tu n’avais pas trop percuté le sens à l’époque, mais après avoir vu l’an dernier des tas de Jean-Claude naviguant en Safrane te doubler peinard lorsque tu t’arrêtais à l’Eyrolle et à PLN pour faire refroidir le moteur, là tu t’es dit: « Faut que je navigue confort! » Donc bien réglé pour durer… assiette de la planche plus à plat, voile moins puissante, aileron plus tolérant, boots de harnais bien placés plus longs et réglables, harnais confort, palans d’écoute…
- Du coup, la spécificité est de pouvoir naviguer longtemps sur le même bord, endurer physiquement un bord de 9 km, et en enchaîner plusieurs… Alors entraîne-toi sur de très longs bords pour te régler et habituer ton corps à supporter la même position, et comme tu n’as pas été doté de verrins de série à la place des bras comme Antoine Questel , essaye de trouver des « trucs » pour changer légèrement de position pour te soulager un temps, t’entraîner aussi à modifier les réglages de la longueur de tes boots de harnais en navigation, te replacer dans ton harnais…
4- Que celui qui a dit que Gruissan est un plan d’eau plat se dénonce!!!
« Vent offshore, parfait je vais naviguer sur un billard! » oui tu as raison, avant et après le Défi Wind! Par contre pendant, c’est pas la même histoire:
- Ligne de départ avec marque sous le vent mouillée à environ un mille de la côte. La forte Tramontane a le temps de bien déchirer le plan d’eau pour proposer assez rapidement un clapot bien serré voire même bien formé sur toute la partie basse.
- Alors oui, habituellement quand tu descends à Gruissan, tu fais tranquille tes bords au raz du bord avant d’aller boire une mousse avec les locaux chez Rémi. Voilà l’ambiance! Non mais là tu OUBLIES ça tout de suite!! D’abord, c’est une course, c’est pas les vacances… et en plus, sur le plan d’eau, tu as plus de 1000 furieux qui naviguent en même temps et qui te labourent le billard! Si tu arrives en tête à l’Eyrolle, ce que je te souhaite, alors tu auras la chance de glisser sur du flat jusqu’à PLN, sinon tu auras du monde partout et ça sera le chantier!
Du coup si tu veux être performant, entraîne-toi à naviguer vite et longtemps dans du clapot serré et même un plan d’eau perturbé par des sillages en tout genre…

5- Domine la tentation…
Voilà la manche est finie!! 40 nœuds, content d’arriver! C’était dur mais c’est comme quand tu finis ton semi marathon, tu es content, yes tu l’as fait!! bravo! Tu es vidé, tu vas pouvoir te poser, boire un coup, refaire la course avec tes potes au soleil avec en arrière fond la douce musique de la Tram entre les chalets, mêlée aux claquements des drapeaux et à la sono du Défi… (au fait? tu as émargé?)
Oui mais voilà, Philippe Bru est pas là pour enfiler les perles! Il y a de la Tram alors faut pas la gaspiller! Tu as voulu être de la fête alors tu vas en avoir pour ton argent!! Tu as juste eu le temps de mettre à sécher ta combi et t’avachir au soleil, que tu entends qu’il va renvoyer une manche!!! Quoi? tu as déjà dû mal à te relever tout seul, et là il va falloir te recogner un aller retour à PLN!!! Il est fou!!! Tu avais du mal lire le contrat, c’est écrit en tout petit… Du coup, c’est reparti, n’oublie pas ton lycra… il est en boule au fond de ton coffre…
- Donc ce qu’il faut retenir pour ton entraînement, c’est qu’il faut être capable de faire 50 km d’un coup, mais aussi de le faire une deuxième fois dans la journée. La « bonne » nouvelle c’est que, le temps que tout le monde finisse et que l’organisation retrouve ceux qui n’ont pas émargé…, souvent la deuxième manche est une demi-manche… 18 km seulement… Alors si tu es rigoureux dans ta préparation, tu t’entraînes à repartir naviguer après une bonne pause. Le plus dur c’est de vaincre ton ennemi le plus pervers: Miss Flemme! Oui je sais tu es fatigué, la manche du matin t’a bien entamé, et Miss Flemme, de sa douce voix, te chuchote à l’oreille :
- « Tu n’es pas obligé d’y aller, tu iras demain, reste avec moi, repose-toi, tu t’en fous tu n’es pas un pro, tu diras qu’il fallait que tu mettes des spacers ou que ta grand-mère t’a appelé pour te dire qu’elle est dans le coma... »
- C’est là que Gisèle Lamotive entre en scène! « Jean-Jacques! DEBOUT!! Chantal t’a laissé partir avec tes potes et ta Goya… alors tu as intérêt de revenir à la maison avec toutes les manches à ton compteur!! Sinon tu vas payer encore plus chère ta virée à Gruissan!!! » (c’est une nouvelle méthode de motivation, » the Motivational and Culpabilisational Training », ça vient des States!).
- « Mais tu t’en fous, de toute manière tu vas la payer quand même ta virée en rentrant!! » Alors reste peinard dans ton fauteuil pliable Décath! »
- « Ben JJ qu’est-ce que tu fous????? Magne-toi ils vont relancer!!! » te dit René en passant… ça c’est une méthode novatrice canadienne, « the Motivational and Bougetoncutional Training ».
Du coup, ça marche! Alors fais la même à l’entraînement pour habituer ton corps et ton esprit à repartir même quand Miss Flemme vient te séduire!
6- Pour revenir il faut tourner…
C’est vrai que sur le papier, il y a seulement 3 jibes max au Défi… donc la logique voudrait que tu te dises: « 3 jibes sur 35 km de course, je fais l’impasse! » Eh ben non!!! Au Défi il vaut mieux savoir jiber!! ah, ça t’étonne?? c’est pas ce que t’a dit Produspot?
- Bon déjà 3 jibes, c’est sur le papier! Dans la réalité, il y a en fait plein de jibes!! oui pense à tous les jibes que tu vas faire pour te rendre sur la zone de course et te préparer à prendre le départ! et là ça en fait quelques uns! et si tu en rates un sur deux, tu entames sérieusement ton capital physique que tu t’étais gardé pour la course. Nager, replacer ta voile dans 40 nœuds, faire plusieurs waterstart… ta jauge physique sera bien entamée avant même de prendre le départ! Donc entraîne-toi à jiber sans tomber dans des conditions de vent fort pour augmenter ton taux de réussite et économiser ton carburant.
- Les jibes du Défi sont particuliers et ne sont pas tout à fait identiques à ce que tu as l’habitude de faire sur ton spot. Leur trajectoire doit être très large parce que les marques sont très longues (double bouée, voilier…). Il te faut avoir une grosse vitesse à l’entrée pour pouvoir franchir le long passage vent arrière avec de la vitesse, sinon c’est chute, voire auloffée en plein milieu de la route… entraîne-toi à jiber très très large… et à modifier efficacement ta trajectoire en cours de jibe pour éviter les obstacles (les gens!).
Longue trajectoire au jibe @Souville - Les jibes, c’est le moyen de gagner un paquet de places!! Beaucoup de chutes aux marques, donc ne pas tomber ça peut te permettre un saut d’une 50aine de places au classement sur un jibe, surtout au premier! Alors même si il y en a que trois, faut pas se priver, bosse ton jibe pour être performant au Défi!
7- Le bon chasseur
Bon là pas facile de t’entraîner dans ton coin à prendre des départs au lièvre , faut un bateau… alors, à moins que tu te sois inscrit à la clinic Préparation au Défi Wind de Nicolas Warembourg, ça va pas être facile. Le bon chasseur il voit le bateau lièvre et passe derrière… le mauvais chasseur il voit le bateau lièvre et passe… derrière…loin! Ce que je peux te conseiller pour quand même travailler, c’est de te trouver une bouée sur ton spot et te faire des timings en essayant de passer la bouée au top… dans la réalité du Défi, ça sera différent, parce que la cible (le lièvre) est mouvante et que le top timing est à la bouée sous le vent et non pas au passage du bateau… mais bon si tu peux te faire des timings bouée, c’est déjà ça…

8-La 8,6 au garage!
Les manches du Défi sont lancées dans des conditions de Tramontane supérieures à 15 nœuds. Sachant que les effets de site locaux ont un effet accélérateur, le vent aura tendance à se renforcer sur le parcours. Du coup, attends-toi à avoir des conditions supérieures à 20 nœuds minimum lorsque Philippe Bru va décider d’envoyer la meute sur l’eau! Alors, organise-toi plutôt à t’entraîner et te régler avec ton petit matériel…
9- Navigue lentement et arrête-toi pour être efficace au Défi…
Naviguer lentement??? bon ben là tu te dis sûrement que l’auteur part en sucette, qu’il faut qu’il arrête la tisane quand il écrit… mais Stéph t’es bourré? le Défi c’est une course de vitesse!!! Ah oui mince!
Laisse-moi reposer ma tasse pour t’expliquer… Quand tu te rapproches de la ligne pour prendre ton départ, tu gères ton timing avec la distance qu’il te reste à parcourir pour franchir la ligne, non? Avant de lancer les chevaux, tu es en situation d’attente quasiment voire même à l’arrêt…? Et sur du petit matos…? Tu te rapproches de la ligne doucement…? tu t’arrêtes parce que tu es un peu tôt… tu repars doucement… non? Cette phase d’approche est plutôt très technique sur des petites planches… tu vois où je veux en venir? je continue? ok, donc ne pas la maîtriser c’est passer du temps dans l’eau et ne pas être « acteur » de son départ, subir son manque de technique et du coup limiter les possibles… et en plus c’est aussi cramer de l’énergie qui te sera un peu utile plus tard… Du coup, entraîne-toi à naviguer au ralenti sans planer et à la limite du planning, à rester sur la planche à l’arrêt…
10-La fumée c’est pas bon!
Quand tu as 300 mecs à ton vent au départ, 300 mecs devant, 1000 derrière en course, tu vas voir que le vent est « légèrement perturbé » et peut sérieusement venir contrecarrer tes plans!!
Au départ, si tu ne planes pas tu seras déventé par tous les autres à ton vent… (si tu ne comprends pas pourquoi si tu planes c’est bon, c’est que tu n’as pas lu mon article à ce sujet!!! ou que tu t’en souviens plus… pour te rafraîchir la mémoire sur le cône de déventement clique ICI). Du coup, important de travailler le point 7 et le point 9 à l’entraînement…
Sur les bords, avec le nombre de participants, il y aura forcément des moments où tu seras dans la « fumée » d’un autre… et se taper 9 bornes dans le cône, c’est pas dingue!! Et en plus question vitesse c’est pas le Pérou! Alors à éviter!! Se dégager rapidement! A l’entraînement avec tes potes ou pas tes potes, entraîne-toi à savoir quand tu es dans une situation de dévent et à te dégager rapidement en abattant ou en lofant pour retrouver du vent frais…
Au jibe, il y a de fortes chances de subir le dévent de tous ceux qui sont arrêtés à la relance du jibe, ou de ceux qui se relèvent pour repartir ou du rideau de ceux qui arrivent… dans ce cas il vaut mieux que tu ailles jiber plus loin et passer bien dessous la marque pour avoir du vent un peu plus frais et te dégager rapidement… Accepte de faire du chemin en plus pour éviter les zones perturbées… Travaille à l’entraînement les jibes à plusieurs et envisage des trajectoires différentes pour éviter le dévent des autres…
11- La navigation au près
« Bon alors là Stéph tu commences vraiment à me saouler!!! Déjà ton article il fait 15 pages!!! c’est déjà une chance pour toi que j’en sois à lire la 11ème partie!! et en plus là tu te remets à délirer!!
Ah Produspot il t’en a pas parlé?? Sous son cocotier de la sagesse il t’a pas raconté quand l’an dernier il a fallu, tout penaud, qu’il tire des bords pour passer la bouée?? Je l’avais entendu raconter que Mortefon n’acceptant pas qu’il le double l’avait déventé exprès!! alors il n’avait pas pu faire la bouée… Produspot n’a pas de chance…!
Même si on te raconte la magnifique histoire que le spot de Gruissan est le paradis du travers, eh ben sois quand même un peu méfiant… parce que c’est possible que non!! et qu’en fonction de l’orientation de la Tram et de ta tactique plus ou moins voulu de course tu sois obligé de faire du près pour passer la bouée!! Alors juste un conseil en passant pour faire court puisque tu en as marre de me lire… entraîne-toi à être rapide et performant au près avec ta petite planche de slalom!!! ça t’évitera peut-être de tirer des bords pour faire la bouée…
Conclusion
Voilà il me reste à conclure… Ah non pardon j’oubliais un petit détail (merci Ben!)!! Comme je sais que tu connais bien les règles de course, alors sur ton spot, lors de tes entraînements, , répand la bonne parole à tes potes et surtout comment réagir quand on n’est pas prioritaire… merci d’avance, c’est cool!
Bon maintenant au boulot! Entraîne-toi bien! Évidemment chacun en tenant compte de son niveau de pratique et de ses objectifs sur une telle épreuve. Si tu veux vraiment avoir une préparation optimale, contacte Nicolas Warembourg, et si tu as la chance qu’il reste de la place… inscris-toi à sa clinic préparation au Défi… en plus je connais le gars qui encadre avec lui, il parait qu’il dit pas que des conneries, passe-lui le bonjour de ma part!
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PS: Ah et si il y en a parmi vous qui peuvent expliquer aux plus jeunes l’allusion à Bécassine, merci d’avance… moi j’ai la flemme!